Trois heures déjà. Le gérant de la boutique semblait perdre patience...trois heures que ce jeune homme élégant certes, mais hautain et dédaigneux au plus au point, murmurait dans ce qui semblait être un appareil de téléphonie mobile...Mais, avec un si fastueux veston de soie, un costume si propre et bien taillé...Il ne pouvait pas être n'importe qui, sans même le connaitre, on pouvait déterminer qu'il était quelqu'un de relativement riche, et puissant...Malgré un visage magnifique et un regard glacial pétrifiant de charme, il était à l'évidence foncièrement mauvais. En quelques instants, il mit fin à sa conversation et vint discrètement quérir le vendeur, sans même octroyer un regard à la jeune fille qui était apparue plus tôt. Il avait horreur des anges, on pouvait au moins lire ça dans ses yeux. Une sous-race ailée, prétentieuse et superficielle.
* J'ose à peine songer aux desseins de cet abruti que fut mon père...S'allier à ces pigeons pernicieux? Quelle erreur. Il eut décidé d'être logique, mais aujourd'hui, c'est à moi qu'il incombe d'effacer ses erreurs... *
Son visage s'illumina d'un sourire aimable, et déterminé à ne pas laisser une once de mépris transparaître, il détourna son regard perçant vers la section réservée à la famille des cordes frappées, ou siégeait un majestueux piano à queue, sculpté dans un noble bois d'ébène, avant de solliciter l'attention du vendeur...
" Excusez-moi. J'achèterai celui-ci. "
Il lui tendit promptement, dans un geste fluide et éloquent, une feuille de papier d'un blanc immaculé, sur laquelle étaient inscrits quelques mots.
"Faites-le livrer à cette adresse, dans les délais les plus brefs. "
Il passa lentement la main dans la poche de son veston, puis en sortit un porte-monnaie, qui avait tout l'air d'être conçu en cuir de Wölth. Un frisson parcourut soudainement le vendeur, qui affichait une mine bien pâle. L'éphèbe laissa se dessiner au coin de ses lèvres un terrible sourire de malice, il lui tendit une liasse de billets...Le gérant se figea, et avant qu'il ne puisse balbutier quoi que ce soit, l'inquiétant jeune homme l'interrompit...
" La somme peut vous paraître scandaleuse, sachez juste que la livraison y est considérée. Je vous laisse ma carte, pour quelques compléments d'informations, composez juste le numéro y étant inscrit. "
Avec légèreté, il fit un demi-tour et posa la carte sur le piano. D'un pas lent et assuré, fort d'une prestance élégante, il vint à la sortie, mais ne quitta pas l'endroit pour autant. Non, il lui restait quelque chose à faire ici. Il avait une "vieille connaissance" angélique à saluer, malgré le mépris qu'elle lui inspirait...Une sous-race. Il attendit donc à la sortie, les yeux mi-clos, légèrement adossé au mur...